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Juin
3ème édition de "La dictée de Louise" 🖋
Publié le 10/06/2025
3ème édition de la dictée de Louise
Vendredi 25 avril, une vingtaine d’adultes et six enfants ont relevé le défi orthographique de M Broion !!! Bravo à chacun et Félicitations aux gagnants.
Si vous voulez vous mesurer aux vaillants candidats, voici le texte de l'édition 2025 :
Mon cher ami,
Fasse le Ciel que cette lettre te trouve en bonne santé et que, dans ta grande bonté, tu pardonnes le long silence dans lequel m'ont plongé les derniers mois. C'est le cœur lourd de contrition et l'âme piteuse que je t'adresse ces lignes, confus de ne t'avoir donné de nouvelles plus promptement, et plus encore de le faire quand les circonstances me poussent à te demander un service.
On m'a fait savoir que ton agence de Canterbury se portait fort bien, et je m'en réjouis pour toi. Après les nombreuses épreuves que le Seigneur, dans ses arcanes mystérieux, a semées sur ta route depuis la guerre, tu méritais de rencontrer le succès. J'espère qu'il t'apporte aujourd'hui un confort et une sérénité bien légitimes.
Rentré tout juste de Constantinople, comme tu le sais sans doute, et préférant me faire oublier des autorités britanniques, je suis venu prendre la charge de curé sur l'île de Blackmore. ][ Mon ami le Dr Callum McCann – qui depuis la fin de la guerre, dirige le sanatorium de Bragbury – a en effet – eu la bienveillance de m'informer que la mort soudaine du précédent prêtre avait laissé sa place vacante. ][
Tu en riras sans doute, et le Seigneur me pardonnera peut-être l'audace pécheresse qui, riche des compétences de faussaire que m'ont conférées mes années de résistance ][au sein des Irish Volunteers ][ , me fit réécrire quelque peu le passé afin de me présenter ici comme un prêtre anglican, et non plus catholique.
Toujours est-il que, depuis plus d'un an, j'officie, non sans bonheur, sur cette petite île éloignée du monde, partageant mon temps entre la lecture, les messes que je donne tantôt en ville, tantôt dans les chapelles alentour, les visites aux paroissiens et les œuvres de charité. L'isolement imposé par les lieux m'a fait d'abord le plus grand bien…
Or, depuis plusieurs semaines, l'île est confrontée à une série de drames. L'inaction de la police m'a conduit à mener mes propres recherches, et ces recherches à faire de très étonnantes découvertes, qui ne sont pas sans évoquer les mystères que nous avons connus, toi et moi, sur la route de Constantinople. C'est pour cette raison que, rendu à une impasse et conscient des limites de mes compétences, je sollicite désormais ton assistance. J'ai peu de doutes que les faits invraisemblables qu'ont révélés mes recherches soulèveraient, chez d'autres, la plus moqueuse des incrédulités, et que toi seul oseras fouiller à mes côtés derrière l'inconcevable, à la lumière de ton esprit indépendant comme à celle de nos explorations passées.
Décidé à conduire mon enquête dans le plus grand secret, j'ai pu réunir, grâce au très respectable Pr Vandekade, docteur en histoire et directeur de la bibliothèque de Blackmore – le seul que j'aie choisi de mettre, partiellement dans la confidence - , une somme de documents non négligeable. Les implications en sont effroyables et donnent à voir le début d'une explication aux phénomènes singuliers qui se sont emparés de l'île – explication que d'aucuns s'empresseraient de qualifier d'extravagante, mais dont je me permets de croire qu'elle est fondée et puise ses origines dans une époque bien plus ancienne que je n'aurais pu l'imaginer. J'avoue compter à présent, malicieusement peut-être, tant sur ton érudition que sur ton insatiable curiosité, afin qu'elles te motivent à venir m'épauler dans ces investigations aussi ardues qu'éprouvantes. ][ Oh, Edward, il reste tant de fils à démêler dans cette sombre affaire que l'ampleur de la tâche me submerge !
Une hardiesse que tu comprendras sans doute m'incite à ajouter, en guise de conclusion, que cette humble demande revêt quelque caractère urgent, à l'heure où, Dieu me pardonne, je commence à craindre non plus seulement pour ma santé mentale, mise à rude épreuve par mes découvertes, mais aussi pour ma personne physique. Je présume en effet que mes recherches ont pu m'attirer quelques inimitiés sur l'île… Je ne connais pas encore le visage de mon ennemi – je ne suis même pas sûr qu'Il en ait un, à proprement parler - , mais je sais qu'Il est là.
Rassure-toi, je comprendrai sans peine que ton travail ne te laisse guère le loisir d'entreprendre le voyage jusqu'aux îles Anglo-Normandes, mais si, en souvenir de notre amitié, tu parvenais à en trouver le temps, je resterais à jamais ton éternel débiteur.
Où que tu sois, Edward, que Dieu te bénisse, Pat Molloy
Henri LOEVENBRUCK "Les Disparus de Blackmore" XO éditions 2023

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